A la maternelle, j'écrivais des histoires dans mon bloc sténo. J'ai été éduqué dans une calandrette bilingue, selon la pédagogie Freinet. C'était l'époque des spectacles d'enfants, des récitations poétiques et d'un album musical, chanté en Occitan. Puis le collège, la commedia dell'Arte, la flute traversière, le conservatoire, la chorale, et tous les livres de la BCD. Au lycée, j'incarnais Lecyprien, un mage elfe de sang lvl 70, et malgré le bac scientifique, j'ai gardé l'option théâtre, tout en écrivant quelques vers secrètement...
A cette époque, j'ai découvert le Cinéma. Mon premier film est un documenteur, où je jouais un réalisateur mégalo, absorbé par une caméra magique. Emprisonné dans le 7ème Art, j'ai entrainé mes amis dans quelques courts métrages DV, ce qui m'a naturellement attiré vers la Prepa'Arts et Cinéma (2ans). Avec l'apparition de Youtube, j'ai fais mes premiers sketchs, avant de rater le concours des grandes écoles... Résigné, je me suis dirigé vers une L3 Théâtre à Nancy en portant ma cape de Paix. Peu convaincu par l'enseignement et le manque de pratiques (sauf les marionnettes, le mime, et les alexandrins), j'ai préféré ouvrir une auto-entreprise et me consacrer à mon premier long, Babastèl. Ce qui m'a permis de m'initier à la 3D, et au compositing. Sous un pseudonyme pour duper la vigilance du CNC, j'ai obtenus mon visa d'exploitation, puis timidement envoyé le résultât aux distributeurs, sans réponses... Pour faire quelques sous, je remplissais des commandes institutionnelles, notamment pour l'extrême droite... Musicalement, je m'entrainais au didgeridoo, et au chant diaphonique.
Je suis rentré à Nîmes, pour terminer mon cycle d'études (L3 Lettres modernes) et analyser le système de financements. La porte du CNC est soigneusement fermée... Qu'importe, j'ai créer Efemèr pour pré-tester des Vfx, avant de m'attaquer à Malastros, toujours sans équipe technique... Au delà de la rotoscopie, le plus éprouvant, fut la reprise totale du son... Je savais que les distributeurs le négligerait, alors je me suis inscris sur CINEDI, et j'ai poussé ma base de donnée jusqu'aux exploitants. Je n'ai même pas eu une seule entrée : objectif que je m'étais fixé pour obtenir le statut d'auteur et me lancer dans un projet plus ambitieux...
Le lendemain de la sortie, je me suis réfugié dans le sous-sol de la bibliothèque : il s'est mis à pleuvoir à travers le néon, sur le rayon cinéma. Je crois que Sobek est furieux, parce-que j'ai honoré sa ville, sans retour. J'ai la sensation qu'il faut urgemment déclarer une entrée, sous peine de malédiction... J'ai retenté la Fémis, avec un 2.5/20 en analyse filmique, et le Master Cinéma de Montpellier m'a refusé ses portes... Pour compenser, j'ai commencé à roder sur les plateaux étudiants, en acteur, puis, avec mes précédentes acquisitions de matériel, j'ai attrapé la casquette d'éclairagiste pour faire de petits billets, et amplifier ma bijoute. C'était l'époque de la guimbarde, du tamtam et des images psychédéliques. Sous les coups de fouets de Pôle Emploi, j'ai fais une refonte totale de mon site internet, pour le transformer en portail.
En parallèle, j'ai achevé les Reliques de Dieva au papier, puis le storyboard d'Agrîne. Incapable de financer l'unitaire sans production, j'ai tourné les Reliques dans ma chambre, façon Youtubeur, afin de temporiser. Avec mon frère, on s'est chauffés à la poterie, et au beat-box sur sa loop-station. Plus d'une douzaine de compositeurs m'ont confiés leurs musiques. J'ai développé la SEO pour mes petits-clients, tout en préparant un système de notation de films, puis investis dans du matériel son, ce qui m'a très rapidement ramené pas mal de petits contrats. Le covid persistant, j'ai approfondie la 3D pour le montage des Reliques, avec des mégas TP VFX où certains sortilèges semblent provoquer un échos dans la réalité... Les pros continuent de me snober, et toujours pas de vrais castings en vue. J'ai proposé la réforme des Pleintemps du Spectacle, qui serait une solution aussi personnelle que collective : une nouvelle annexe dans la convention collective ! D'une manière ou d'une autre, je veux payer mon équipe : le prix du Story-Board, est là pour vérifier que j'ai affaire à un vrai producteur... L'acquisition de maquillage FX m'a décidé à franchir une étape, avec l'ouverture d'une boutique de location de matériel, accessible aux petites bourses. Sur une paire de semaines, j'ai poncé un plan de travail générique, capable d'estimer un budget à la virgule prêt... J'ai investis dans une caméra pro grâce à un gros contrat sous-payé, et appris les bases d'une paire de langages de programmations. Puis une tournée dans un cirque, avec une grosse console son.
Dorian Clair 2022-09