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Portrait d’une Mère

C’était ma dernière chance d’avoir un enfant, une fille qui devait sublimer ma vie… Ma seule erreur est d’avoir choisis le mauvais géniteur. Il se faisait doux à notre rencontre : nous avions le même objectif et même si nous n’étions pas fait pour vivre ensemble, je compris trop tard qu’il allait me faire durement regretter…

Dès qu’elle fut assez grande, il la monta en douce contre moi, lui insinuant lentement et pernicieusement que j’étais la mauvaise, la méchante… Et Dieu ! Je compris à quel point l’éducation provient des gênes et qu’une moitié pourrie tend à gâcher l’autre… Un comble pour la sage-femme que je suis. Parfois je doute, je me remet en question et je m’interroge si le mauvais bout vient de moi… Mais lorsque je vois son père, ce démon qui fait fuir sa propre famille et qui pousse ses tendres mâles au suicide, je me félicite d’avoir résisté et d’être encore là : sans moi, il y en a bien un ou deux qui seraient passés à l’acte et je n’ose imaginer quels genres de manipulations tordues il a inventé sur elle… J’en rêve souvent, qu’elle eu été mieux sans pères…

Est ce une famille structurante lorsqu’un parent télécommande son enfant contre l’autre ? Sans détails, combien de fois l’a-t-il mise en retard, la demi-heure systématique, dans le simple but de me faire enrager ? Combien de fois l’ais-je retrouvée sûre de l’amour de sa mère en se servent de moi comme d’un punching-ball pour se détendre… Un jour, il m’est arrivée de craquer : je n’étais pas sous mon meilleur angle et il en profité pour se grandir en m’enfonçant. Un autre fois, elle a reçut une claque, un grand moment qui n’a pas duré… Bien entendu, avec lui, elle n’oserait moufter : c’est la petite fille qui garde sa voix d’enfant, même grande ! … J’éponge sa haine, mais c’est dur…

Le seul moment où j’ai soufflée un peu, c’est lorsqu’elle rencontra un homme… Ma psy m’a dit qu’il allait prendre sa place sur le père : ce qui n’a pas manqué. Elle s’est faites virée peu après sans raisons apparentes. L’ironie fait qu’elle était en avance pour la première fois de sa vie ! J’ai retrouvée ma fille pendant quelques mois et c’était du bonheur. Au fond, je ne demande qu’à passer un peu de temps avec elle… Mais le père est revenu tranquillement à la charge, ce qui m’annonçais de mauvais jours. Sa grand mère et moi savions que nous n’y pourrions pas grand chose à moins quelle ne parte pour ses études : la savoir au loin me déplaît, je la préfère en dehors de son influence…

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En vérité, je commence à fatiguer de courir partout : les journées font 24h pour tout le monde et tandis que la retraite est de mon âge, je travaille la nuit pour lui sécuriser un avenir et le jour, j’investis mon énergie à la politique d’un meilleur monde… Ce dont je suis sûre, c’est que ce n’est pas son artiste de père qui pourrait la soutenir financièrement : c’est facile de me traiter de matérialiste et de tenir un discours  "philosophique" sur l’argent qui ne fait pas tout ! Mais lorsqu’on assiste au sommet de l’absurde où elle me créer des problèmes d’impôts à sa demande, pour son profit… Et que je devrai lui payer une partie de son loyer parce qu’il enjolive ses discours… L’argent ne fait pas tout ? Parasite !

Je veux bien ce que l’on veux, mais que faire avec un fille qui vous fuit alors que vous feriez tout pour elle ? Quand je vais la voir dans son  "indépendance" en prévenant bien à l’avance, que je lui fais son linge, que je lui ramène quelques courses, que je nourris son lapin, que j’apporte un petit vin d’Alsace pour l’apéro et que je me fais jeter comme une malpropre, je vous jure que j’en prends un sacrée coup et que ma tension n’en baisse plus… J’aime profondément ma fille mais parfois, j’ai l’impression que je devrai abandonner et me retirer, je ne sais pas… Les lions prennent du temps sur leurs décisions mais sont inflexibles ensuite… Puis-je vraiment le faire ? Me prend t-elle vraiment pour un monstre ? Me regretterai telle seulement… ? Que feriez vous à ma place ?

Dorian Clair | 2013-01-30

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